page : La coloration (Français) | index du site |
Définition
Niveau d'application Distributivité Associativité Pas d'altération ! |
La coloration, dans la notation blanche qui nous occupe, consiste à passer trois notes écrites en noir dans le même temps que deux notes normales blanches. Ce rapport 3/2 est désigné par le latin sesquialtera ou le grec hemiola.
Ce terme de coloration est en fait une survivance des périodes précédentes qui utilisaient des notes normales noires, et des notes colorées rouges. L'Ars subtilior, autour de 1400, a même exprimé ses complications rythmiques (2/3, 4/3) avec toutes sortes de variantes : notes rouges évidées, notes rouges pleines, etc, dont la signification, non explicitée, dépendait de la pièce ! Le rapport 3/2 a seul survécu en notation blanche postérieure, à peu de choses près (voir toutefois la discussion sur la séquence minor color). |
On remplace donc deux grandes notes normales - non colorées - du niveau considéré par trois notes colorées, et la valeur de la grande note donne son nom à l'opération :
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Tout comme les notes normales, celles colorées peuvent être remplacées par des notes plus petites de valeur totale équivalente, et nous venons de dire que cette division vers le bas sera toujours binaire. La coloration se transmet alors de la note divisée à celles, plus petites, qui la remplacent. Les points rencontrés après ces notes colorées binaires sont évidemment des points d'addition.
Les notes colorées peuvent aussi se regrouper au niveau supérieur à celui d'application : ainsi peut à l'occasion devenir ou ou encore ; de même en prolation majeure, des séquences telles que ou ou peuvent remplacer le groupe originel.
Coloré se traduisant concrètement par noir en notation blanche, certaines pièces furent entièrement écrites ainsi à seule fin d'illustrer leur signification de deuil ou de tristesse. Voyez ci-contre le cantus de la célèbre déploration de Jean Ockeghem par Josquin Desprez ; la coloration y est purement figurative, sans implication métrique. | |
Et voici le contra de Andati accesi mei suspiri, pièce tirée du même
Manuscrit italien des frottole (page 71). Cette color prolationis aurait tout aussi bien pu être notée par un tempus perfectum en valeurs blanches. |
Nous avons vu que les notes noires se regroupent au niveau supérieur selon les règles d'une mensuration ternaire. C'est presque vrai, car les notes colorées ne sont jamais altérées.